Revêtements des Voies Vertes : déjouer les idées reçues pour un choix écoresponsable
Le jeudi 30 mai 2024 s'est tenu à l'Hôtel de Ville d'Avignon le premier colloque dédié à la question des revêtements des voies vertes en France. Organisé par l'AF3V, cet événement a eu lieu dans le cadre de Mai à Vélo et à l'occasion de la publication d'un livret d’une vingtaine de pages : « Revêtements des Voies Vertes : déjouer les idées reçues pour un choix écoresponsable » signé par l'AF3V et France Nature Environnement. La publication propose notamment une évaluation environnementale des revêtements, une évaluation financière tout en intégrant un regard sur l’intégration paysagère et son impact sur la biodiversité.
Un guide pratique pour mieux choisir le type de revêtement de voie verte
Le livret de 29 pages, intitulé Revêtement des Voies Vertes : Déjouer les idées reçues pour un choix écoresponsable, guide les collectivités en abordant les sujets de l'incidence du choix de revêtement sur le report modal, l'environnement, l'évaluation financière, l'intégration paysagère et la biodiversité.
Report Modal
D'après l'AF3V, l'enrobé bitumineux est le revêtement le plus efficace pour report modal en faveur des modes actifs sur les voies vertes. Ceci s'explique essentiellement par le confort que l'enrobé confère aux usagers (peu de déformation au fil du temps, bonne tenue au freinage à vélo, praticable en toute condition climatique).
Le livret indique que "seuls les cavaliers, et parfois les joggers, préfèrent des sols avec des caractéristiques mécaniques plus souples." Pour accueillir ces usagers, le livret conseille de prévoir une petite bande non revêtue le long des voies vertes.
En revanche, le stabilisé, même renforcé, concentre les reproches par la rapidité de la dégradation due au temps, au climat, aux usages et à la décomposition de la flore environnante.
Impact environnemental
Le livret évalue l'impact environnementale des revêtements selon plusieurs critères : consommation de matières premières, émissions de CO2, imperméabilisation des sols, contamination des eaux de ruissellement, effet d'albédo et absorption de chaleur, adaptation et résilience au changement climatique et enfin, impacts des composants des revêtements sur la santé. Là aussi, les surfaces en béton bitumineux sont concurrentielles notamment s'agissant les émissions de CO2. Ainsi, d'après les données du Cerema citées par l'AF3V, le stabilisé renforcé (2Kg eq. CO2 par m2/an) est 10 fois plus émetteur de CO2 que le béton bitumineux coulé à froid (environ 0,2 Kg eq. CO2 par m2/an), le matériau de revêtement le moins intensif en carbone dans le comparatif. Lors du choix de revêtements selon des critères environnementaux le livret rappelle qu'il est important de prendre en compte la durée de vie de chacun.
Évaluation financière
Comme pour l'évaluation des impacts environnementaux, lors de l'évaluation financière, la durée de vie de chaque revêtement est un critère de sélection important, plus que l'investissement initial. En effet, le revêtement en enrobé bitumineux, "malgré un coût initial au m2 plus élevé, devient vite rentable car il nécessite peu ou pas d'entretien pendant les 15 premières années de son existence", rappelle le guide de l'AF3V. Au contraire, les sols stabilisés se déforment et se détériorent plus vite et impliquent des coûts d'entretien et de réaménagement plus importants.
Intégration paysagère et impact sur la biodiversité
Dans sa publication, l'AF3V nuance les impacts des voies vertes et de leur revêtement sur la biodiversité en rappelant les principes "éviter - réduire - compenser" à appliquer pour tout type d'aménagement. Le livret rappelle aussi l'importance de concerter chaque partie concernée par l'aménagement (riverains, exploitants agricoles, chasseurs, cavaliers, associations, etc.) très en amont du projet afin d'intégrer les attentions particulières.