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Suppression des aides à l’achat vélo : L’Alliance pour le vélo dénonce une incohérence politique

jeudi 5 décembre 2024
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Le décret n° 2024-1084 du 29 novembre 2024 signe la fin des aides à l’acquisition de vélos à partir du 14 février 2025. Cette décision marque un revirement majeur pour une mesure phare de la transition écologique, en particulier dans le cadre de la Loi Climat et Résilience et du Plan Vélo et Marche 2023-2027. 

L’Alliance pour le vélo dénonce une incohérence politique 

Dans un communiqué de presse commun, l’Alliance pour le vélo (Réseau vélo et marche, FUB, Union sport & cycle, APIC) dénonce une décision contraire aux engagements climatiques et sociaux de la France. Le soutien à l’achat de vélos n’est pas à un simple coup de pouce financier : il s’agit d’un levier pour encourager des pratiques de mobilité plus vertueuses, contribuant à la réduction des émissions de CO₂. 

Dans un contexte où les voitures électriques continuent de bénéficier de soutiens, la suppression des aides pour les vélos envoie un signal contradictoire. 

Les partenaires de l’Alliance pour le Vélo appellent à une révision de cette décision. Ils demandent un maintien, même partiel, des aides ou l’instauration de nouveaux dispositifs (accès au vélo via l’employeur, programme CEE) pour pallier le manque de soutien national. Sans ces mesures, c’est l’ensemble d’une politique de mobilité durable et inclusive qui risque de s'effondrer. 

Quelles aides sont concernées ?  

Les dispositifs concernés, à savoir le bonus écologique et la prime à la conversion, ont permis à de nombreux ménages de se tourner vers une mobilité durable. Ces aides représentaient un soutien financier allant de 150 à 3 000 €, en fonction des ressources et du type de vélo (électrique, cargo, etc.). Avec un budget global de 40 millions d’euros en 2023, ces mesures ont largement contribué au développement du marché des vélos électriques et cargos, tout en renforçant l’accessibilité pour les ménages modestes. 

Les deux dispositifs principaux touchés sont : 

  1. Le bonus écologique : Une aide directe à l'achat de vélos, oscillant entre 150 et 2 000 € selon les ressources et le type de vélo (classique, électrique, cargo, adapté). 
  2. La prime à la conversion : Offrant de 1 500 à 3 000 € pour l’achat d’un vélo à assistance électrique en échange de la mise au rebut d’un véhicule ancien. 

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En 2023, ces aides représentaient un budget global de 40 millions d’euros, avec des impacts significatifs sur le développement du marché des vélos électriques et cargos.  

Le cas des vélo-cargo, dont le prix moyen dépasse 5 000 €, illustre bien l'importance des aides de l’État. Selon Boîtes à Vélo France, le bonus vélo a souvent été un déclencheur d'achat. Entre 2022 et 2023, le nombre de bonus attribués pour ces vélos a quadruplé, soulignant le succès de la mesure et l'essor de leur usage. Ce soutien financier a également contribué à dynamiser une filière française innovante, essentielle pour le développement de solutions de mobilité durable. 

Une décision qui fragilise le marché cyclable  

La suppression des aides survient alors que le marché des vélos connaît déjà une baisse : 

  • 14 % de recul des ventes en 2023 par rapport à 2022, soit 2,23 millions de vélos vendus (source). 
  • L’industrie du vélo enregistre une perte de 5,5 % de son chiffre d’affaires, à 3,4 milliards d’euros. 

Selon l’Union Sport & Cycle, même avec des conditions de ressources, le bonus vélo représentait encore 10 % des ventes de vélos à assistance électrique (VAE). La filière vélo-cargo, en plein essor, pourrait également souffrir : avec un coût moyen de 5 000 €, les aides de l’État étaient souvent déterminantes pour l’achat. 

Une politique contre la mobilité active des plus vulnérables 

Les ménages les plus précaires sont les premiers affectés. Les aides majorées qui leur étaient destinées disparaissent également. Pour les ménages aux revenus modestes (moins de 7 100 € par an), les aides représentaient une réelle opportunité d’accès à une mobilité durable. 
Les aides nationales jouaient aussi un rôle d’égalisation face aux disparités des politiques locales. 

Pour aller plus loin :