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Politiques cyclables de 2017 à 2022

Pour une ambition présidentielle sur les mobilités à vélo : Quel chemin reste-t-il à parcourir ?

mardi 22 février 2022
Vélo vote

À l'approche de l’échéance présidentielle, il convient de faire le point sur les grandes mesures adoptées durant le quinquennat au regard des 40 propositions défendues par le Club des villes et territoires cyclables en 2017, et du chemin qu’il reste à parcourir pour que la France développe une politique publique ambitieuse en faveur des mobilités cyclables.

  • Développer le réseau cyclable et apaiser les villes et villages

Le Plan vélo et mobilités actives lancé en 2018 répond à la proposition du Club de 2017 pour le lancement d’une grande campagne nationale de promotion du vélo et de la mobilité active. Il a posé les premiers jalons d’une ambition politique qui doit se pérenniser et se renforcer pour atteindre l’objectif d’une part modale triplée d'ici à 2024. Un objectif qui apparait désormais inatteignable, dans les deux années restantes, mais qui doit rester la boussole.  

Dans le cadre de ce plan, l’État a prévu un budget de 350 millions d’euros sur sept ans, soit 50 millions par an, qui a été alloué au Fond Mobilités Actives afin d’accélérer la création d’axes cyclables. Une somme qui reste environ 13 fois moins importante que le budget consacré annuellement aux routes nationales et autoroutes (666 millions en moyenne[1]). L’objectif des 10 % du budget consacrés aux aménagements cyclables revendiqué par le Club en 2017 n’est donc pas atteint malgré l’effort réalisé dans le cadre de France Relance où le fond s’est vu doté de 200 millions supplémentaires pour l’année 2020-2021.

Nous espérons la pérennisation et un renforcement massif de cet engagement budgétaire afin de doubler le réseau cyclable français durant les cinq prochaines années en limitant la vitesse de circulation pour renforcer la sécurité des usagers.

Proposition de l’Alliance pour le vélo pour 2022 

  • Doubler le réseau cyclable français sur le quinquennat, le rendre attractif, continu et maillé en augmentant le budget d’investissement de l’État d’au moins 2,5 milliards d’euros sur 5 ans.
  • Faire du 30 km/h en agglomération la règle et du 50 km/h l’exception et limiter la vitesse hors agglomération en absence d’aménagements cyclables sécurisés.
  • Soutenir la revitalisation des villes et villages par des plans favorisant la piétonisation des centre-bourgs et villes en aménageant les entrées de ville et en mettant fin à l’étalement urbain des commerces, des zones d’emploi et de l’habitat. Développer les liaisons cyclables intercommunales sécurisées.

 

  •  L’enjeu du stationnement

En 2017, le Club appelait à mettre en œuvre un grand plan de développement du stationnement dans l’habitat collectif, les équipements publics, l’espace public et les gares. Des avancées ont été permises avec le décret de 2021 obligeant certaines gares et collectivités à proposer des solutions de stationnements sécurisés pour les vélos et avec le programme ALVEOLE (Apprentissage et Local Vélo pour Offrir une Liberté de mobilité Économe en énergie), financé par des Certificats d’Économie d’Énergie (CEE) et soutenu par la FUB (Fédération française des Usagers de la Bicyclette) et le cabinet de conseil ROZO. Mais l’ambition de l’État doit être redéfinie pour que l’ensemble du territoire dispose d’un maillage d’aménagements facilitant les mobilités douces. 

Propositions de l’Alliance pour le vélo pour 2022 

  • Favoriser l’intermodalité entre transports collectifs et vélo avec la création de 200 000 places de stationnement sécurisé supplémentaires dans les gares et pôles de transports.
  • Accompagner le déploiement de cinq millions d’emplacements de stationnement vélo pour les copropriétés, le logement social et l’habitat ancien, notamment en mobilisant des financements liés aux mesures de performance énergétique.

 

  • L’apprentissage du vélo

En 2017, le Club préconisait déjà la généralisation de l’apprentissage du vélo, notamment à travers la création de vélo-écoles. Aujourd’hui, le programme Savoir rouler à vélo (SRAV) initié en 2019 constitue une réponse à cette attente. Néanmoins, le dispositif n’est pas financé par l’État et le dispositif CEE Génération vélo ne financera principalement que la formation de formateurs. Des ressources doivent être trouvées pour un programme qui a pour ambition de former 800 000 enfants chaque année.  

Pour ces prochaines années, nous attendons une amplification de ce programme et sa généralisation pour tous les élèves.  

Proposition de l’Alliance pour le vélo pour 2022 

  • Généraliser et financer le savoir rouler à vélo à l’école pour que chaque écolier entre au collège en sachant faire du vélo. Des piqûres de rappel sont indispensables au collège et au lycée, avec une initiation à l’équilibre dès la maternelle.

 

  • Le vélo pour une meilleure santé publique

La promotion du vélo s’entend aussi comme un vecteur d’une meilleure santé publique. Le vélo peut se manifester comme un outil de lutte contre les maux de la sédentarité et ses conséquences, aussi bien sur le plan de la santé physique que psychique. Il forme également l’un des meilleurs remparts contre la pollution de l’air provoquée par la dépendance énergétique de nos mobilités.

Dans ce sens, l’expérimentation lancée à Strasbourg place l’activité physique et notamment la mobilité active à vélo au centre d’une logique de santé-sport en permettant à plus de 300 médecins généralistes de prescrire une activité physique sous ordonnance médicale. Cette initiative innovante était présente parmi les propositions soutenues par le Club en 2017.

Proposition de l’Alliance pour le vélo pour 2022 

  • Placer la promotion des modes actifs au cœur des politiques de santé publique, de prévention primaire, secondaire et tertiaire, depuis le plus jeune âge, et jusqu’au maintien dans l’autonomie de nos aînés.

 

  • Le vélo comme filière économique

En 2017, le Club mettait déjà en avant le besoin de développer une filière vélo notamment à travers la création d’un diplôme d’État pour l’entretien et la réparation de cycles, et d’un label national pour valoriser les vélos assemblés en France.

Si, aujourd’hui, la situation sanitaire et les mesures d’accompagnement à l’achat d’un VAE, le Coup de pouce vélo, ainsi que le Forfait mobilités durables ont permis d’augmenter les ventes de cycles et la pratique de vélo, une ambition plus grande est nécessaire pour développer et structurer la filière économique vélo en France. Un constat partagé par le rapport parlementaire du député Guillaume Gouffier-Cha.

Proposition de l’Alliance pour le vélo pour 2022 

  • Soutenir l’émergence d’une filière vélo française et européenne. Favoriser la création d’un écosystème économique innovant et exemplaire (privé, public et associatif), porteur d’emplois non délocalisables pour la fabrication, la réparation et le réemploi des vélos, ainsi que dans les services autour du vélo. Faire de la France la première destination mondiale du tourisme à vélo.

 

  • Le Forfait Mobilité Durable (FDM)

En 2017, afin de favoriser la mobilité à vélo pour se rendre au travail, le Club défendait un renforcement de l’indemnité kilométrique vélo (IKV) en la rendant obligatoire pour les employeurs et en la défiscalisant jusqu’à 385 €. Aujourd’hui, avec la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM), les salariés et agents se rendant au travail à vélo peuvent bénéficier du Forfait mobilités durables versé par son employeur, dont le montant peut aller jusqu’à 600 € par an (200 € dans le public). Cependant, le versement de ce forfait est obligatoire uniquement pour la fonction publique d’État.

Proposition de l’Alliance pour le vélo pour 2022 

  • Rendre le forfait mobilités durables obligatoire, totalement cumulable avec le remboursement des transports en commun et réellement incitatif pour inciter les salariés du secteur privé comme public à venir au travail à vélo ou à pied.

 

  • L'aide à l'achat d'un Vélo à Assistance Électrique (VAE)

Le Club proposait en 2017, l’instauration d’un bonus écologique de 250 € pour l’achat d’un VAE. Depuis 2018, l’Etat propose une aide à l’achat d’un VAE, allant jusqu’à 200 €. Cependant, ce bonus vient uniquement en complément d’une aide attribuée par les collectivités et ne peut l’excéder. Ainsi, on observe une grande disparité des aides financières selon les territoires. De plus, ces aides ne s’intègrent pas dans une logique systémique de la mobilité et d’intermodalité : elles sont conditionnées par l’achat de VAE uniquement et elles existent en parallèle d’autres aides encourageant l’achat de véhicules moins polluants, mais motorisés.

Proposition de l’Alliance pour le vélo pour 2022 

  • Renforcer les mesures d’accompagnement social aux mobilités actives, à travers une aide à l’achat de cycles non conditionnée à l’existence d’aides locales, une extension de la prime à la conversion et la création d’une prime à la démotorisation renforcée selon des critères sociaux. Cibler notamment l’acquisition de vélo à haut niveau de service (pliants, cargos, vélomobiles), sans se limiter au soutien des seuls vélos à assistance électrique.

 

Ces propositions pour 2022 sont l’œuvre commune de 5 acteurs du vélo qui forment aujourd’hui une alliance inédite regroupant :

-        L’Association de promotion et d’identification des cycles et de la mobilité active

-        Le Club des Villes et Territoires Cyclables et Marchables

-        La Fédération des Usagers de la Bicyclette

-        L’Union Sport & Cycle

-        Vélo & Territoires

Cette alliance pour le vélo se concrétise par 10 propositions fortes réunies dans un Livre Blanc pour porter les mobilités à vélo comme un sujet politique central.

Ce Livre est une invitation à mettre à l’agenda le sujet des mobilités actives dans les débats présidentiels et législatifs. Il constitue un plaidoyer pour une mise en place d’une politique systémique centrée sur ces mobilités, permettant de relever des défis de mobilité, de création d’emplois, de santé publique, de préservation de l’environnement, d’inclusion sociale.
 
[1] Le réseau routier français en 2020, Vie-publique.fr, 18/02/2020.