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Cyclistes et piétons victimes de la vitesse et du défaut d'aménagements

jeudi 9 février 2023
Accident vélo

Les chiffres 2022 de la sécurité routière sont tombés en fin de semaine dernière, occupant une grande place dans les médias et réseaux sociaux. La hausse des décès des cyclistes, des piétons mais également des usagers d’engins de déplacement personnels interpelle. Les solutions restent à portée de main.

Les accidents mortels, tous usages confondus, retrouvent un niveau proche de celui d’avant pandémie avec 3 260 décès sur les routes de France métropolitaine et 236 000 blessés dont 16 000 graves selon le bilan 2022 de Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR). Côté vélo, 244 cyclistes ont trouvé la mort en 2022. Parmi ceux-ci, 56% roulaient sur des routes de campagne.
Hors-agglomération, les chiffres de l’ONISR rapportent une augmentation de 47% de la mortalité chez les cyclistes, soit trois fois plus qu’en agglomération. À eux seuls, les hommes de 55 ans ou plus circulant hors agglomération représentent 38% des tués à vélo !
À vélo, les hommes sont davantage victimes que les femmes et représentent 88% des décès (214 hommes pour 30 femmes). Le vélo hors agglomération reste majoritairement sportif et pratiqué par les hommes (sur 120 000 licenciés, la Fédération française de cyclotourisme compte moins de 20% de femmes, une proportion quasi-similaire se retrouvant dans les pratiquants des autres fédérations sportives).

Mutant Graham
Conçu par des scientifiques, le « mutant » Graham montre à quoi pourrait ressembler l’être humain s’il était conçu pour résister aux accidents
La vitesse toujours coupable
Ces données tragiques pointent la dangerosité des routes départementales hors agglomération, un danger dû à la vitesse mais aussi au manque d’itinéraires apaisés ou sécurisés (véloroutes, voies vertes…). Quarante-cinq départements ont relevé la vitesse à 90 km/h. Rappelons que le comité des experts du conseil national de la sécurité routière (CNSR), avait estimé qu’une baisse de la vitesse maximale autorisée à 80 km/h sur « les routes bidirectionnelles » permettait d'épargner environ 350 à 400 vies par an.
En ville, la sécurité par le nombre fait office de bouclier et l’augmentation des accidents reste inférieure à celle des usagers. Le phénomène se constate déjà chez nos voisins européens : plus les cyclistes sont nombreux, plus les automobilistes les intègrent dans leur champ de vision et tendent à réduire leur vitesse.
 
Pour les piétons, l’âge tue
Les accidents piétons, avec 484 décès et 2000 blessés graves, impactent davantage les plus de 65 ans (46 % des piétons tués). La mortalité des piétons se retrouve essentiellement en agglomération (63%) et ne peut qu’intimer à la mise en place de zones 30 et de zones de rencontre.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le risque de perdre la vie suite à une collision à 50 km/h est de 80% et baisse à 10% à 30 km/h. Et l’âge alourdit la peine ! Un piéton en choc frontal avec une voiture à 50 km/h voit son risque de décès multiplié par rapport aux 15-59 ans : par deux pour les personnes entre 60 et 74 ans, par sept pour les personnes de 75 ans et au-delà̀ (Ville et Vélo mars/avril 2022).
Par ailleurs, dans 60 % des accidents mortels de piétons, le conducteur n’a pas freiné, la vitesse de choc correspond à la vitesse de circulation initiale.
 
Photo velo train 2
Un système sûr, des aménagements et un ralentissement général

Réduire les vitesses et multiplier les aménagements cyclables et piétons constituent une partie des solutions pour sécuriser l’espace public. La vision systémique de la sécurité routière, adoptée par la métropole de Lyon depuis le début de l’année 2022, fait désormais référence. L’objectif de la Vision zéro/Système sûr ? Tendre vers zéro tués et zéro blessés graves. La préconisation internationale de mise en place d’une démarche systémique de sécurité routière «pour un “système sûr”» a fait l’objet de neuf recommandations du Conseil national de la sécurité routière (CNSR) à l’adresse du Gouvernement, le 28 novembre dernier, afin de lutter contre l’insécurité routière et d’éviter tout fatalisme face aux drames routiers.