Dry january pour le vélo et la marche ?
jeudi 19 janvier 2023Le Club des villes et territoires cyclables et marchables a dévoilé ses objectifs 2023, mercredi 18 janvier au Sénat, à l’occasion de sa conférence de presse de rentrée en présence de deux co-présidents du Club des élus nationaux pour le vélo, Jacques Fernique et Guillaume Gouffier-Valente. Certaines attentes deviennent pressantes en ce mois de janvier un peu sec pour le vélo.
« Il faut élargir le public et casser le modèle du cycliste, homme vélotafeur de 30 à 50 ans. Le vélo est inclusif et doit élargir ses usages aux femmes mais aussi aux jeunes. L’élargissement des publics nous a conduit à poursuivre le travail sur les quartiers de la politique de la ville (ndlr, enquête à paraître fin juin). (…) Le vélo c’est la santé et on sait que nous sommes beaucoup trop sédentaires », lançait Françoise Rossignol, présidente du Club, rappelant également l’importance de la mise en place de villes et villages à 30 km/heure et de la complémentarité de la marche et du vélo.
Devant une vingtaine de journalistes, la présidente est montée au créneau : « Aujourd’hui nous manifestons notre impatience sur la mise en œuvre du Plan vélo ! 250 millions ont été annoncés pour les infrastructures et le stationnement, alors que l’Alliance pour le vélo demande 500 millions par an. Les mandats municipaux se trouvent à mi-parcours et le risque est que les collectivités ne puissent engager les investissements prévus : si nous voulons que les projets d’infrastructures soient réalisés dans les territoires, il faut les accompagner ».
Un plan national marche dans le collimateur
Même constat pour le déploiement du Savoir rouler à vélo (SRAV) pris en charge par les collectivités territoriales pour lequel « il faut un financement national ». Pas de nouvelle à ce jour de l’attendue réunion interministérielle pour coordonner les investissements vélo (annoncée lors de la présentation du plan vélo) déplore Françoise Rossignol.
« Enfin, on attend un Plan marche. La marche représente un quart des déplacements et mérite une politique nationale comme le vélo », insiste la présidente. Concernant la zéro artificialisation des sols (ZAN), le Club s’aligne sur la proposition de loi du Sénat pour que les pistes cyclables soient retirées des enveloppes locales afin de ne pas pénaliser la continuité du maillage cyclable. Jacques Fernique, sénateur du Bas-Rhin co-président du Club des élus nationaux pour le vélo, appelle également de ses vœux un plan marche et davantage d’ambition pour le Savoir rouler à vélo (SRAV).
Vigilance à tous les étages
Le sénateur confie rester « vigilant sur le rapport du conseil d’orientation des infrastructures (COI) et les ambitions de l’État pour investir dans les mobilités actives et accompagner l’effort croissant des collectivités ». Le rendu imminent du rapport du conseil d’orientation des infrastructures (COI) sur la priorisation des investissements dans les infrastructures de transports françaises inquiète. Les pistes cyclables vont-elles être suffisamment intégrées aux priorités ?
Par ailleurs, Jacques Fernique souhaite élargir le public éligible aux aides à l’achat de vélos et à la prime à la conversion en modifiant les seuils. Une préoccupation partagée par Guillaume Gouffier-Valente, député du Val de Marne, qui constate « un petit laisser-aller depuis les annonces du plan vélo ».
Tourner le dos au mythe de la voiture électrique
Les indicateurs semblent au vert pour la mise en place de la filière économique vélo, suite aux premières assises en novembre dernier. Guillaume Gouffier-Valente, également co-président du Club des élus nationaux pour le vélo insiste : « il faut que la filière se concrétise avec l’ensemble des acteurs ». Le député alerte sur le danger de tomber dans le mythe de la voiture électrique pour apaiser les villes et propose que le vélo fasse partie « du projet de loi sur la relocalisation de l’industrie verte ». Il insiste également pour que s’engagent les travaux d’aménagement cyclables nécessaires pour les Jeux olympiques.
L’actualité du moment a fait débat. Le sujet ? Les trottinettes, de plus en plus accidentogènes et en passe d’être refoulées de la capitale suscitent des interrogations. « Les trottinettes vont-elles être intégrées par le Club », à l’instar de la marche a demandé une journaliste. « Ce n’est pas un mode actif » rappelle Françoise Rossignol, qui propose plutôt de conquérir de l’espace pour le vélo et la marche.
Pour aller plus loin
>Le communiqué de presse de la conférence
>Retour sur les mobilités actives en 2022